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ARTISTE DU MOIS CHEZ ASHFORD – FÉV. 2023 – LAUREN HALSALL

par Christine Gagne sur May 16, 2025

21 février 2023 Ashford blog retrouvé au https://www.ashford.co.nz/ashford-artist-of-the-month-feb-23/

Que fait-on lorsqu’on se lasse des fils achetés en magasin, fades et sans vie, et qu’on souhaite plutôt de la couleur et de la texture? On file soi-même ses propres fils uniques et personnels! C’est exactement ce que Lauren Halsall a fait en 2016 lorsqu’elle a entrepris son parcours dans le monde des fibres. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est travailler la fibre, depuis le dos du mouton jusqu’aux magnifiques œuvres d’art uniques qu’elle crée.

J’espère que vous prendrez plaisir à lire son histoire.

Kate

NOM : Lauren Halsall

NOM D’ENTREPRISE : Rooted Fibres

 

 

Qui êtes-vous, d’où venez-vous et que faites-vous ?

Je m’appelle Lauren, je viens d’une petite ville dans le nord-ouest de l’Angleterre. J’adore vivre dans le Nord, avec ses paysages sauvages et toute cette verdure. J’ai vécu plusieurs années une vie citadine dans le sud de l’Angleterre, mais ici, le rythme est beaucoup plus lent, ce que j’apprécie. Depuis trois ans, je suis maman à la maison. Nous avons traversé une période très difficile en famille l’an dernier en raison de la santé de ma fille. Créer avec la fibre m’a beaucoup aidée à faire face à tout cela; j’ai eu l’impression que plus les choses devenaient difficiles, plus ma créativité devenait débridée.

J’adore filer à la main et concevoir des vêtements tricotés ou tissés avec mes fils artistiques. Pour moi, tout tourne autour de la texture et de la couleur — créer quelque chose d’unique qu’on ne trouve nulle part ailleurs! J’utilisais auparavant le Country Spinner d’Ashford pour mes fils artistiques, mais l’an dernier, j’ai investi dans le e-Spinner Super Jumbo, qui est fantastique. J’aime aussi beaucoup le métier à tisser rigide, surtout mon SampleIt, que j’adore — j’aime pouvoir tisser des foulards sur mes genoux. Rien ne se compare à Ashford pour moi : il n’y a vraiment rien qu’on ne puisse adapter à une bobine super jumbo!

Je travaille actuellement à bâtir mon entreprise de fibres, Rooted Fibres. Cela me semble être le moment idéal pour le faire, tant que je suis à la maison avec ma fille. Je n’ai que quelques après-midis pour travailler pendant qu’elle est à la garderie, donc tout évolue lentement, de manière très naturelle.

Mon e-Spinner Jumbo                                                           Fil artistique jumbo

Tissé sur le métier à tisser SampleIt

Quel est votre parcours ?

J’ai obtenu un diplôme en animation à Brighton en 2015. J’ai continué à y vivre pendant quelques années, mais j’ai fini par me lasser de la vie urbaine. Je venais de revenir dans le Nord, ma région d’origine, avec l’intention de me consacrer à mon art textile. Mon objectif était de constituer un portfolio et de poser ma candidature pour une maîtrise en art-thérapie. J’étais presque prête à soumettre ma demande lorsque j’ai appris que j’étais enceinte. J’ai tout mis sur pause pour élever et prendre soin de ma fille, mais c’est un projet que je garde en tête pour l’avenir.

Comment avez-vous commencé votre parcours en tant qu’artiste textile ?

J’ai toujours eu une affinité naturelle avec les fils et les tissus. Cela remonte probablement à mon enfance, où je faisais beaucoup de patchwork avec ma grand-mère. Merci à toutes les grands-mères qui transmettent leurs compétences et inspirent une nouvelle génération! C’est elle aussi qui m’a appris à tricoter — elle avait toujours cette sorte de laine arc-en-ciel dont j’étais secrètement obsédée. Malheureusement, le tricot n’a pas vraiment « collé », du moins pas avant que je découvre le tricot continental plusieurs années plus tard.

En grandissant, j’ai exploré de nombreuses autres formes d’art, d’où mon diplôme en animation. L’année suivant l’obtention de mon diplôme, j’avais de nouveau du temps libre. J’avais envie d’essayer le crochet depuis un moment, alors je me suis lancée dans la confection d’une écharpe. J’ai trouvé le processus très gratifiant, et j’étais ravie de pouvoir enfin utiliser toutes les pelotes que j’avais accumulées au fil des années (je les collectionnais même avant de savoir quoi en faire!).

Cette même année, je participais aux Brighton Artist Open Houses avec un groupe d’amis. C’est un événement où l’on ouvre sa maison au public pour exposer ses œuvres d’art. Nous avions organisé notre exposition dans le camping-car d’un ami. Ça s’appelait le Dreamliner Arts Club — ils avaient complètement vidé le véhicule pour le transformer en galerie/cinéma. C’était assez incroyable. J’y présentais une de mes animations, mais il restait un petit espace dans la galerie, alors j’ai décidé de créer une installation.

J’avais en tête une sorte de lit de laine teinte à la main sur lequel déposer mes pièces au crochet. Je ne me souviens plus exactement de ce que j’imaginais, mais cela m’a menée à une expérience de teinture complètement ratée — la laine avait feutré en une longue bande de varech laineux et noueux. Je trouvais quand même que ça ressemblait à du fil, et j’ai eu une sorte d’éclair : et si je pouvais feutrer mon propre fil à partir de laine brute ? Une recherche rapide sur Google m’a ouvert les portes du monde magique du filage à la main. J’ai commandé mon tout premier fuseau suspendu dans la foulée.

Comment votre parcours a-t-il évolué avec le temps ?

Je n’arrivais jamais à filer ce que je voulais avec mon fuseau, et cela me frustrait beaucoup. C’était vers 2016, lorsque je venais tout juste de me joindre à Instagram. J’y découvrais alors de nombreux artistes textiles extraordinaires, tous utilisant des rouets. C’était très inspirant. J’ai fait quelques recherches et j’ai jeté mon dévolu sur le Country Spinner 2 d’Ashford. J’ai toujours voulu filer du fil artistique, inspirée par mon varech de laine feutrée. C’est à partir du moment où j’ai eu ce rouet que ma créativité s’est vraiment libérée.

J’ai acheté une paire de cardes à main et j’ai commencé à apprendre à teindre ma propre laine (correctement cette fois). J’ai expérimenté différentes fibres, les ai mélangées pour en faire de petits ondins, et j’ai commencé à traiter des toisons. Cette année-là, j’ai peu vu mes amis : je passais tout mon temps à filer, encore et encore, je n’en avais jamais assez! J’adorais créer mes fils artistiques et je voulais les porter. J’étais déterminée à maîtriser enfin le tricot afin de pouvoir transformer mes fils en vêtements. Le crochet, avec les fils artistiques, était trop massif à mon goût.

Le tricot ne m’est pas venu naturellement, mais je me suis améliorée avec le temps. J’ai finalement troqué mes cardes à main pour un cardeuse à rouleau Ashford d’occasion, trouvée en ligne. Cela a tout changé : je pouvais désormais mélanger de grandes quantités de fibres en un rien de temps. J’ai ensuite commencé à tisser sur un métier à tisser à peigne rigide Ashford, et cela s’est révélé être une façon brillante d’utiliser les fils artistiques, en stimulant énormément ma créativité!

J’ai continué à perfectionner mon art avec ces outils, à apprendre, à expérimenter et à m’améliorer. Dernièrement, je me concentre davantage sur le tricot. Je voulais avoir dans ma garde-robe des vêtements en filé main que je puisse porter au quotidien — car parfois, il ne fait tout simplement pas assez froid pour porter une grande écharpe tissée! Les retours ont été très positifs, alors c’est ce que je développe en ce moment.

Je suis en train de créer un site web, [www.rootedfibres.co.uk](http://www.rootedfibres.co.uk) (*restez à l’affût*), afin de partager mes fils et certains de mes patrons.

Nappes mélangés sur ma cardeuse à tambour Ashford     Tissu filées sur mon e-Spinner Super Jumbo

Que faites-vous de vos créations / œuvres / pièces terminées ?

Un peu de tout : je les garde, je les offre ou je les vends. Si j’avais l’espace, je garderais tout! Je vends mes nappes de fibres et mes fils via Instagram, mais tous mes tricots sont réalisés pour le plaisir. Ce sont soit des projets personnels, soit des expériences d’apprentissage que j’ai conservés ou retravaillés. J’ai vendu quelques petits vêtements comme des tuques et des écharpes sur Instagram, Facebook ou Etsy, mais honnêtement, jamais au prix qu’ils valent réellement si je devais facturer un taux horaire juste.

J’ai souvent manqué de confiance pour exposer mon travail et demander sa juste valeur — j’imagine que cela vient avec le temps. J’ai tout de même proposé quelques chandails pour voir s’il y avait de l’intérêt. J’ai reçu beaucoup de messages, mais une fois le prix connu, la plupart des gens se désistaient. Je comprends tout à fait pourquoi, mais j’aimerais trouver un public pour ce type de pièces, car j’adore les confectionner. On ne sait jamais, peut-être qu’un jour cela deviendra possible pour moi!

Où vendez-vous vos créations ?

Je vends depuis un an via mon compte Instagram [@rootedfibres](https://www.instagram.com/rootedfibres). J’ai essayé Etsy, mais les frais étaient vraiment trop élevés, alors je n’ai jamais fait de nouveau réapprovisionnement. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de créer mon propre site web. Ça a été un long processus et un énorme apprentissage, mais le site sera prêt à la fin du mois (le 28 février).

Si vous aimez mon travail, n’hésitez pas à aller y jeter un coup d'œil — cela compterait beaucoup pour moi! J’y proposerai de petites collections de mes fils artistiques et de mes nappons de fibres pour le moment. J’espère également y partager certains patrons de tricot dans les mois à venir, conçus spécialement pour mes fils artistiques.

Comment arrivez-vous à maintenir un équilibre de vie en tant qu’artiste ?

Je trouve difficile de trouver un équilibre. Je crois que cela vient davantage de mon besoin incessant de toujours créer quelque chose que d’un réel manque de temps. Être maman à la maison signifie que je suis constamment entourée de mon art, donc il est toujours à portée de main. Il y a beaucoup de « je prends, je repose ». J’ai toujours été une créatrice de type « hyper-focalisée » — je peux m’asseoir devant un projet à 10 h du matin et me retrouver au même endroit à 22 h sans avoir mangé de la journée, totalement absorbée.

Avoir une petite fille m’a obligée à fonctionner autrement : maintenant, je travaille par petites périodes, mais de façon régulière. Et j’ai été surprise de constater à quel point les choses peuvent évoluer rapidement (presque sans qu’on s’en rende compte) de cette manière! En ce moment, ma fille Fern et Rooted Fibres sont mes seules priorités, ce qui est une grande chance.

J’ai la possibilité de consacrer quelques après-midis par semaine à mes créations, et cela a été essentiel pour moi cette dernière année. Créer m’a vraiment aidée à préserver ma santé mentale, surtout avec tout ce que nous avons vécu concernant la santé de ma fille. Ces moments sont devenus sacrés — un temps d’immersion dans un travail lent et conscient, qui m’a permis de m’ancrer et de traiter ce que je vivais.

C’est ce que j’aime dans les arts textiles : tout le processus est profondément méditatif. Il m’aide réellement à équilibrer le tumulte de la vie.

D’où tirez-vous votre inspiration ?

J’ai toujours eu du mal à répondre à cette question, parce que la réponse est : absolument partout. Je trouve probablement mon inspiration dans de toutes petites choses que la plupart des gens ne remarquent pas. J’ai tendance à me concentrer sur les moindres détails de la vie et à imaginer de petits mondes féériques miniatures. J’ai toujours été fascinée par le folklore et les fées. Je peux me perdre à contempler l’intérieur d’une fleur, ou à observer la lumière qui se reflète sur l’aile d’une abeille à un moment précis.

Je suis constamment en train d’imaginer de nouvelles idées — je n’arrive pas à arrêter, c’est une obsession telle que mes pensées m’empêchent souvent de dormir! Je suis inspirée par tous les aspects de la nature. Parfois, c’est presque trop — je trouve tout si beau que ça m’envahit. Une fois, j’ai pleuré devant de la mousse, simplement parce que la teinte de vert était à couper le souffle. Ça peut sembler étrange, mais j’ai parfois l’impression de « goûter » les couleurs; c’est une sensation bouleversante, mais dans le bon sens.

Je suis également profondément inspirée par les cultures nomades et les textiles traditionnels. Par exemple, les robes Kuchi d’Afghanistan ou les magnifiques saris colorés de l’Inde. Les soies de sari recyclées comptent d’ailleurs parmi mes fibres préférées avec lesquelles travailler.

Avez-vous un conseil à donner à celles et ceux qui débutent dans l’univers des fibres ?

Essayez de ne pas comparer votre travail à celui des autres. J’ai moi-même eu cette mauvaise habitude, et cela m’arrive encore! Je trouve que ça freine ma créativité. Cela m’a parfois fait sentir inadéquate, surtout au début, quand je n’avais pas encore confiance en mon travail.

Je me rappelle toujours qu’il y a de la place pour l’art de chacun, peu importe où on en est dans son parcours. Il faut bien commencer quelque part! Il existe une infinité de choses inspirantes autour de nous, mais trouver son style et sa voix vient avec la pratique et l’expérimentation. Libérez-vous de ce qui vous fait douter, et faites davantage ce qui vous apporte de la joie.

Personnellement, je ne fais pas vraiment de plans : je commence à créer, et je laisse les fibres ou les couleurs me guider. La perfection n’existe pas — il faut embrasser les imperfections et accepter de sortir de sa zone de confort de temps à autre. C’est souvent dans ces moments-là que naît le meilleur de notre créativité — du moins, c’est comme ça pour moi. Ne vous laissez pas submerger par les « règles », et osez simplement essayer.

Où pensez-vous que ce parcours dans les fibres vous mènera à l’avenir ?

Je n’en ai aucune idée, mais je suis ouverte à toutes les possibilités. Je rêve à toutes sortes de scénarios pour mon avenir, et les arts textiles en font toujours partie. J’aimerais pouvoir vendre suffisamment de créations pour faire de Rooted Fibres une petite entreprise durable. Peut-être offrir des ateliers, m’impliquer davantage dans la communauté artisanale. Je ne sais même pas encore s’il y a beaucoup d’activités dans ma région, alors c’est sûrement quelque chose à développer.

Je n’ai pas d’attentes précises pour l’avenir. Je crois que tant qu’on suit son cœur, la suite se place d’elle-même. Donc, aussi cliché que cela puisse paraître, je savoure simplement le moment présent, en créant ce que j’aime sans trop penser à ce que cela pourrait devenir.

Crédits des patrons :
La robe tricotée que je porte en entier est le modèle Winona Dress de Sari Nordlund, et le cardigan en patchwork est le Festival Cardigan de Suzy Rai.

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